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Travailleuses, travailleurs, camarades et amis !
Au
tout début de cette campagne présidentielle, qui n’est
pourtant pas officiellement commencée mais qui remplit les
journaux et les écrans de télévision, le
gouvernement, malgré ses mensonges sur les statistiques du
chômage, ne peut pas cacher à quel point la situation et
le niveau de vie des classes populaires se dégradent.
Le
gouvernement ne peut que mentir sur toutes les télés et
les radios et ne s’en prive pas, car dire la vérité
serait, de sa part, un suicide. Il ment au moins à l’usage
de ceux qui ne vivent pas cette réalité, c’est-à-dire
les catégories sociales à l’abri du besoin qui
vivent dans leur monde bien clos, et bien loin de ce que ressent la
population qui les fait vivre.
Mais
si les hommes politiques qui sont actuellement au pouvoir s’efforcent
de couvrir la réalité d’un flot de salive, on ne
peut pas dire que le patronat leur facilite les choses.
Peugeot
annonce froidement qu’il va supprimer dix mille emplois. C’est
une expression de chargé de presse pour éviter de dire
: dix mille licenciements ! Car un emploi en moins c’est, ou
bien un licenciement, ou bien une embauche en moins, et c’est
de toute façon un chômeur, vieux ou jeune, en plus.
De
son côté, l’ex-nouveau patron d’Airbus a
confirmé qu’il comptait supprimer, lui aussi, des
milliers d’emplois à Toulouse, transformant la ville
rose en ville morte et il a ajouté que cela ne s’arrêterait
pas aux rives de la Garonne. Et cela rien que pour réparer les
erreurs de la direction qui s’était emmêlée
dans ses câbles électriques !
Mais là, comme
l’Etat a son mot à dire, le gouvernement a trouvé
qu’une telle annonce en période électorale
n’était pas de bon goût. Et le PDG d’Airbus
a dû démissionner. Son remplaçant est Gallois,
dont la principale, sinon la seule, référence est
d’avoir été un licencieur anesthésiste
efficace à la SNCF. Il appliquera le même plan que son
prédécesseur, mais petit à petit et en ne
faisant le plus gros qu’après les élections. Pour
le moment, il se garde d’en annoncer l’importance. Les
élections passeront un peu plus en douceur. Si la droite est
réélue, elle sera tranquille pour cinq ans, et si c’est
la gauche qui les gagne, ce sera à elle de se débrouiller
avec l’impopularité.
“Que sera 2007 ?".
Nous posions la question sur nos affiches d’invitation à
ce meeting.
Je
ne suis ni voyante ni astrologue et je n’ai pas l’intention
d’établir l’horoscope de quiconque. Mais ce que je
peux dire sans risque de me tromper, c’est que quel que soit le
résultat des élections, le patronat continuera ses
attaques contre les travailleurs. Ce que je peux dire sans me
tromper, c’est que si les travailleurs ne réagissent pas
de façon brutale et collective, leur sort ne s’améliorera
pas en 2007, quel que soit le gouvernement, et il continuera même,
malheureusement, à s’aggraver.
Je n’en finirais
pas d’énumérer tous les licenciements collectifs,
baptisés plans sociaux, qui se sont produits depuis le début
de l’année ou qui vont avoir lieu dans les mois qui
viennent, soit après les élections, soit pourquoi pas
avant, tellement le patronat privé n’en a rien à
faire des ennuis des hommes politiques à son service. C’est
à eux de se débrouiller pour faire passer la potion, en
prétendant que si elle est amère c’est pour le
bien de tous, et de tirer leur épingle du jeu. Larbins ils
sont, larbins ils restent et doivent accepter de ramasser les déchets
- pour rester poli - de leurs maîtres.
Les quelques lois qui
gênent le patronat, les politiques aux ordres doivent les
supprimer car il veut une main-d’oeuvre malléable et
corvéable. Le patronat veut pouvoir licencier sans préavis
? Le gouvernement va s’exécuter ! Sans motif ? Pourquoi
pas ! Sans indemnité ? Mais bien sûr !
Le patronat
pourra ainsi prendre tous les risques financiers qu’il veut,
s’adonner à toutes les spéculations possibles,
sans rien craindre. S’il gagne, il empoche. S’il perd,
c’est les salariés qui paieront. Si l’Etat veut
prendre sa part des pertes, qu’il le fasse, à condition
qu’il diminue quand même les impôts des plus
riches.
Non ! Le patronat n’a aucune considération
pour ceux qui rampent devant lui. Témoin, les déclarations
récentes de Laurence Parisot, la présidente du Médef,
qui se demande, très décontractée devant les
caméras de France 2, pourquoi le Contrat Nouvelle embauche
n’est limité qu’aux PME-PMI de moins de vingt
salariés alors qu’il serait si facile, à la
majorité actuelle, de l’étendre aux plus grandes.
Quoi ? Le gouvernement veut faire le fier ? Mais qu’il
s’exécute donc sans faire d’histoires !
Mais il
n’y a pas que dans les relations capital-travail que le
gouvernement est aux ordres. Dans le domaine économique, dans
la guerre des rachats, hostiles ou consensuels, entre les entreprises
géantes, les députés, le gouvernement sont aussi
réduits au rôle de subordonnés
obéissants.
Exemple, la privatisation de Gaz de France, qui
vient d’être votée par les députés
de la majorité. Tout avait commencé par une demande
d’un géant de l’énergie italien du nom
d’ENEL qui, pour une OPA hostile sur Suez, cherchait un
partenaire financier de poids pour contribuer à partager la
proie : pour l’italien, les centrales nucléaires de
Belgique ; pour le français, le pôle « eau,
déchets et services à l’énergie »,
autrement dit l’ex-Lyonnaise des Eaux, aujourd’hui partie
intégrante de Suez. Suez n’étant pas de taille à
résister à l’OPA hostile du groupe italien, le
gouvernement est venu à son secours. Il a annoncé le
projet de fusion de Gaz de France avec Suez, ce qui revient à
livrer l’entreprise étatisée au groupe
privé.
Cela impliquait de privatiser Gaz de France et, même
pour les députés de la majorité, c’était
difficile à accepter !
Alors, Dominique de Villepin s’est
démené auprès de sa majorité. Il l’a
fait rentrer dans le rang en un temps record. Même Sarkozy a dû
manger son chapeau, lui qui avait promis-juré et même
écrit que Gaz de France ne serait pas privatisé.
Tout
semblait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes de la
finance.
Mais voilà que le bruit court que le milliardaire
en euros François Pinault est prêt à s’allier
à l’italien Enel pour acquérir ensemble Suez,
puis pour le dépecer. A Pinault, l’ex-Lyonnaise des
Eaux, à Enel, les centrales nucléaires. Et, comme
Pinault annonce pouvoir aligner 18 milliards pour l’affaire,
toute la combinaison du gouvernement, préparée depuis
des mois, risque de tomber à l’eau. La seule inconnue
est que la société italienne serait maintenant
réticente devant l’opération en raison de la
situation politique en France.
Mais, si Pinault réussit son
coup, Villepin et Chirac, qui se sont tellement démenés,
resteraient quelque peu en porte-à-faux, y compris devant leur
propre majorité.
Alors, si Gaz de France n’est plus
fusionné avec Suez et, en conséquence, pas privatisé,
et si Sarkozy est élu, il pourra dire que c’est grâce
à lui et qu’il a tenu parole. Et si c’est la
gauche qui prend la place, elle pourra, bien sûr, dire que
c’est sous sa pression.
En attendant, les salariés de
Gaz de France manifesteront demain contre cette privatisation et nous
serons avec eux.
Et puis, dans cette situation politique, il y a
aussi les sous-fifres patronaux, tel ce gérant d’un
magasin Champion, à La Source près d’Orléans,
qui licencie une caissière parce qu’elle a eu pitié
de temps à autre des Rmistes, des chômeurs et de pauvres
retraités en attente de leur virement et à qui elle
aurait fait crédit. Une caissière qui a du coeur, c’est
intolérable ! Et ce sous-fifre patronal a voulu prouver à
ses supérieurs que lui n’était pas fait de ce
bois-là et que, de coeur, il n’en avait pas. Et pour
cela, c’est réussi ! Il s’est cru revenu au temps
du patronat de droit divin du XIXème siècle, mais la
population et les clients du quartier, indignés, ne sont pas
de cet avis. Et il va peut-être le payer car, contrairement à
ce qu’il a cru, toutes les lois sociales ne sont pas encore
abolies. Il est vrai que le gouvernement actuel donne tous les culots
à ce genre d’individus qui croient Sarkozy déjà
Président.
Je ne veux pas plaisanter avec un sujet pareil,
mais au train où vont les choses, ceux qui disent qu’il
n’y a plus d’ouvriers vont ajouter que je ne devrais plus
dire “travailleuses, travailleurs”, mais “chômeuses,
chômeurs et travailleurs précaires de toute
sorte”.
Mais, si c’était vrai, on ne voit pas
d’où viendraient les richesses de ceux qui s’engraissent
et s’enrichissent sur le dos de ceux qui travaillent encore
pour eux. Mais même dans ce cas, je pourrais toujours au moins
dire “camarades et amis” car j’en aurais encore, je
l’espère.
Cependant, il est vrai qu’il y a, en
dépit des statistiques tronquées, quatre ou cinq
millions de chômeurs, de Rmistes ou de travailleurs
pauvres.
Cela entraîne, pour les plus démunis des
travailleurs, les conséquences dramatiques que nous savons
avec, en premier lieu, la difficulté de plus en plus
importante de se loger convenablement, en particulier pour ceux qui
perdent leur emploi ou pour les jeunes.
De plus, pour les jeunes,
cela crée une situation insupportable. D’un côté,
on leur demande d’étudier jusqu’à seize
ans, voire le plus loin possible, dans l’espoir d’améliorer
leurs chances de trouver un emploi convenable. D’un autre côté,
ils ne peuvent qu’être inquiets à l’avance
de ce qu’ils trouveront, le jour venu, sur le marché du
travail, devenu un lamentable marché aux puces, où ils
ne trouveront que des emplois d’occasion ou des chaises
instables.
Le gouvernement de la droite, c’est lui que nous
voyons à l’oeuvre dans tout cela. Ouvertement et
cyniquement au service des intérêts du patronat, il
n’est pas prêt à chercher des remèdes à
cette situation. Ce n’est pas son rôle. Son rôle
est de faire en sorte que cette situation soit acceptée,
qu’elle crée le moins de vagues possible. Il est de
défendre et de renforcer, par la législation, la
dictature économique du patronat.
Nous vivons dans un
système économique où la concurrence, la
recherche du profit dominent tout : l’habitat, la santé,
la production de biens utiles à la vie de tous, les
transports, publics ou pas. Tout ce qui peut être nécessaire
à une vie normale, c’est-à-dire compatible avec
les technologies de l’époque, nécessite que tout
soit non seulement bénéficitaire mais rapporte beaucoup
de profit sinon ils n’ont pas droit à l’existence.
C’est
pourquoi on ferme des entreprises, des hôpitaux, des lignes de
chemin de fer, des services. En tout cas ce n’est pas là
qu’on investit si cela ne doit pas rapporter un profit
suffisant aux yeux des actionnaires.
La production n’augmente
pas ou très peu. Mais par contre, les profits ne cessent
d’augmenter, et là est tout le problème de cette
société. Ceux qui accumulent les profits ne veulent pas
les ré-investir dans des productions nouvelles qui sont
aléatoires et qui nécessiteraient des investissement
préalables qui tarderaient à rapporter. C’est
pourquoi ils jugent plus rationnel de racheter des entreprises qui
fonctionnent déjà, qui ont fait leurs preuves, qui ont
un marché. Ils réduisent les coûts de production,
si besoin est, en réduisant le personnel. Une fois que leur
cotation en Bourse peut rembourser le prix d’achat, ils les
revendent avec profit.
Produire ne rapporte plus assez. Le système
économique se dévore lui-même. Il faut vendre des
entreprises et en racheter en permanence. Il doit détruire,
pour faire du profit avec du vieux, en usant le matériel et
les hommes jusqu’à la corde.
Que des dizaines ou des
centaines de milliers de travailleurs en soient appauvris, que des
villes entières soient transformées en villes mortes,
que l’on produise sans investir, c’est-à-dire avec
du matériel vétuste, des travailleurs sous-traitants à
peine formés, que cela augmente les accidents du travail, il
s’en moque. Les catastrophes à l’échelle
d’une ville, comme AZF à Toulouse, ou des pollutions
majeures ou des maladies professionnelles qui font des milliers de
morts, comme l’amiante, il n’en a cure.
“C’est
la concurrence qui veut cela”, nous dit-on.
En fait, ce
n’est pas la concurrence, c’est la guerre pour le profit.
Et les victimes sont ceux qui ne profitent pas, c’est-à-dire
ceux qui produisent.
Et c’est vrai que cela a tout d’une
guerre : les états-majors sont à l’abri, il n’y
a que les troupes qui meurent ou sont victimes.
On nous amuse avec
les délocalisations. Le mot est nouveau mais la chose est
ancienne. Ce ne sont pas les usines qui circulent, ce sont les
capitaux.
Bien sûr que certaines productions ne sont plus
faites ici, mais elles s’installent dans des pays où la
main-d’oeuvre coûte moins cher. Mais cela, c’est un
cas particulier, pour permettre de dire qu’ici les salaires ou
les charges sociales sont trop élevés. Cela permet de
chercher à les abaisser dans toutes les entreprises qui n’ont
pas l’intention de délocaliser. Cela sert d’argument
et de menace. Mais si on installe des McDo en Chine ou en Russie, ce
n’est pas parce que la main- d’oeuvre y est moins chère
qu’ici !
Et puis, une énorme partie des capitaux qui
sont exportés ne vont s’investir ni en Afrique du nord,
ni en Chine ou en Inde où il y a peu de banques et
d’industries à racheter. Ils vont ailleurs, en Europe de
l’ouest, aux Etats-Unis ou au Canada car la principale
préoccupation de leurs possesseurs c’est de placer leurs
capitaux excédentaires provenant des bénéfices
réalisés ici dans des productions et des activités
déjà amorties, et immédiatement rentables.
Mais
les prétendues lois économiques ne sont pas des lois
physiques ou naturelles comme la gravité ou le
magnétisme.
Derrière les lois économiques
dont on nous parle, l’obligation de faire face à la
concurrence, les délocalisations induites par le bas coût
du travail dans certains pays, la nécessité de
rationaliser et j’en passe, il y a toujours des hommes, rien
que des hommes. Des hommes qui décident, qui font des choix
volontaires et qui ne sont contraints par rien ni par personne.
Ils
cherchent seulement à gagner plus, et tant pis pour ceux qui
en crèvent.
C’est en fait toute une classe sociale
qui vit et qui agit ainsi.
Ils n’ont aucun scrupule à
réduire le niveau de vie de populations entières, même
si cela pousse à la misère des fractions croissantes de
salariés.
Alors nous ne détruirions pas la planète
ni l’humanité, au contraire, en empêchant ces
gens-là de nuire et en contrôlant ce qu’il font et
ce qu’ils projettent. Nous ne la détruirons pas non plus
en prenant sur les profits dont ils font un si mauvais usage pour
défendre toute la population et peut-être, en plus, pour
les empêcher de polluer.
On nous parle des fonds de pension,
en particulier américains, qui seraient responsables de toutes
ces spéculations financières. Mais ce n’est
qu’une partie de la vérité. Toutes les grandes
banques, toutes les grandes sociétés industrielles ou
commerciales françaises ou européennes contribuent à
ce type de spéculation. Une grande partie d’ailleurs de
ces délocalisations fictives, délocalisations de
marques, sont constituées par des commerces : on installe des
grandes surfaces -Casino ou autre- en Inde, en Russie et dans bien
d’autres endroits de la planète.
En faisant cela, les
capitaux français ne font que suivre l’exemple
américain, dont Coca Cola et McDonald, pour ne citer que ces
deux-là qui sont présents depuis un demi-siècle
et plus aux quatre coins de la planète, y compris dans les
pays sous-développés.
Oui, c’est à tout
ce système-là qu’il faut s’en prendre.
Ne
soyons pas dupes des simagrées et des discours des hommes
politiques qui tiennent le devant de la scène. Ils ne sont,
tous autant les uns que les autres, que des exécutants, des
figurants qui masquent les coulisses où tout se passe en
réalité. Avec des grimaces et des mots différents,
ils ne font que ce que le grand patronat industriel, commercial ou
financier, exige ou impose à la société. Tous
jouent le rôle du choeur antique qui couvre de ses chants les
cris de tous ceux qui sont piétinés au fond de la
scène.
C’est pourquoi nous ne devons pas nous laisser
abuser par les chansons électorales. Elles sont
interchangeables.
Cela ne veut pas dire qu’elles soient
identiques et que les acteurs tiennent le même rôle dans
la pièce. Leur masque peut être tragique ou rieur. Mais
sans les uns et sans les autres, la pièce ne se déroulerait
pas.
Aujourd’hui, dès qu’on en a assez de
la droite, on nous sert la gauche sur un plateau. Et si la gauche
déçoit, comme ce fut le cas du gouvernement Jospin, on
se résignera à laisser la droite passer, voire à
voter pour un réactionnaire tel Chirac qui cachait Sarkozy,
comme la gauche nous l’a demandé lâchement au
deuxième tour de 2002.
Dans la campagne électorale
en cours, chacun joue sa partition. A droite, Sarkozy a pris de
l’avance. Il a été lancé par les siens à
l’américaine, comme un produit de marketing, calculant
tous ses faits et gestes pour qu’il plaise à l’électorat
de droite et d’extrême droite borné, xénophobe,
réactionnaires et surtout anti-ouvrier. D’où ces
descentes de cow boys au petit matin dans les cités HLM, aux
Mureaux tout récemment, où quelque 150 policiers ont
été mobilisés pour effectuer UNE arrestation,
mais en cassant, par erreur paraît-il, quelques dizaines de
portes d’appartement.
Qui a convoqué les caméras
de télévision et les journalistes pour le spectacle
matinal ? Mystère, mais ils étaient là. Et aucun
d’eux n’ose dire qui, au Ministère ou ailleurs,
les a prévenus.
Alors, bien sûr, ces descentes
musclées n’assurent en rien la sécurité de
la population . Une fois la charge de la brigade pas légère
terminée et les policiers repartis, les quartiers se
retrouvent comme avant, avec juste un peu plus de haine contre la
police.
L’image dite “sécuritaire” de
Sarkozy n’est pas destinée aux quartiers populaires qui
peuvent vérifier ce qu’il y a derrière la
démagogie, mais pour montrer à l’électorat
de droite, voire d’extrême droite, que Sarkozy est un
homme à poigne capable de remettre les pauvres à leur
place et de leur inspirer une crainte salutaire.
Et puis, il y a
l’immigration. Bien malin celui qui ferait la différence
entre le langage de Sarkozy sur ce terrain et celui de Le Pen. A ceci
près que Le Pen, éloigné du pouvoir, en est
réduit à chercher des mots frappants pendant que
Sarkozy utilise la matraque. Mais les deux oeuvrent de concert pour
faire passer l’image que l’immigration, c’est la
criminalité, que les travailleurs immigrés sont
responsables du chômage et que les sans-papiers, c’est un
danger public. C’est stupide, mais ça plaît dans
un certain électorat. Et, pour ce qui est des pauvres les
moins conscients, c’est une façon de détourner
leur mécontentement vers des responsables inventés pour
dissimuler les véritables responsables.C’est avec ce
genre de démagogie qu’on empoisonne la vie dans les
quartiers populaires.
Il n’est pas dit cependant que
l’argument “ce que Le Pen dit, moi je le fais” soit
efficace sur le plan électoral. Il n’est pas dit non
plus que Sarkozy en ait fini avec ses propres amis politiques. Car
chacun sait que les adversaires les plus tenaces de Sarkozy sont dans
son propre camp.
Dans la compétition pour être le
candidat officiel de la droite, Villepin, un temps le rival le plus
menaçant, semble être hors jeu, du moins pour le moment.
Sarkozy n’y est pour rien. Le Premier ministre, imbu de
lui-même, méprisant jusqu’aux députés
de sa propre majorité, est tombé sur un os avec la
jeunesse des universités, mobilisée contre le CPE. Il
s’y est cassé les dents.
Mais Sarkozy peut compter
sur le clan de Chirac, son mentor d’antan, pour lui mettre des
bâtons dans les roues, pour distiller dans les médias
des vacheries assassines. Pour propulser aussi des concurrents : et
Alliot-Marie n’est peut-être pas la dernière à
se déclarer. La droite, ce n’est même plus un
panier de crabes, c’est une mare aux crocodiles affamés
et inquiets, prêts à s’entredévorer.
Mais
la chose n’est vraiment pas nouvelle à en juger par les
mémoires de Giscard qui, vingt-cinq ans après, n’a
toujours pas digéré ce deuxième tour de
l’élection présidentielle de 1981, où
Chirac aurait encouragé ses troupes à voter Mitterrand
plutôt que de permettre à Giscard de prolonger de sept
ans son bail à l’Elysée.
A l’approche
de 2007, Chirac lui-même se remet dans le jeu, si ce n’est
comme candidat, en tout cas comme président déterminé
à occuper son fauteuil jusqu’au dernier moment. Le voilà
qui, douze ans après la “fracture sociale” invente
le “dialogue social”. L’un sonne aussi faux que
l’autre. Mais, lorsque Chirac insiste sur le “plus de
contrats et moins de lois”, cela sonne, déjà,
comme une réponse aux desiderata du Medef, exprimés par
Parisot : que l’Etat, que la loi, se mêlent le moins
possible des relations entre patrons et salariés. Mais ce
dialogue-là, entre le patron qui a tout en main et son
salarié, c’est le dialogue entre le loup et l’agneau
qu’il se prépare à dévorer...
Alors,
bien sûr, par rapport au langage d’un Sarkozy, celui des
dirigeants socialistes sonne bien plus agréablement à
l’oreille.
Je ne cite pour l’instant que l’un
des trois candidats en cours pour l’investiture du PS : “Je
n’accepte pas les salaires de misère, les cadences
insupportables, les pensions qui ne permettent pas de vivre, l’écart
écrasant des richesses, je n’accepte pas que des
dizaines de milliers de familles ne puissent se loger décemment”.
Qu’elle pourrait sonner juste cette dénonciation si elle
ne venait pas de Laurent Fabius qui a tout de même été
Premier ministre de Mitterrand pendant deux ans ! Et, à ce
qu’on sache, en cette qualité, il n’a pas laissé
une trace positive ineffaçable dans la mémoire
ouvrière, au moins comme celui qui aurait essayé de
limiter tout cela.
Mais il est vrai que le fils de famille
bourgeoise réapparaît dans sa dénonciation,
lorsqu’il s’en prend à “l’écart
écrasant des richesses” ! Mais de quoi parle-t-il ? La
majorité de la population ouvrière n’a pas droit
à une richesse, même petite. Elle doit se contenter de
salaires de misère, aussi vite dépensés que
reçus, quand elle a la chance d’en avoir au lieu
d’allocations chômage ou de RMI.
Voilà leur
langage respectif pendant les campagnes électorales.
Mais
une fois au gouvernement, ceux qui viennent d’y arriver
reprennent là où leurs prédécesseurs se
sont arrêtés. D’autant que si, avec les élections,
les ministres changent et, encore, pas toujours, les hauts
fonctionnaires des ministères, eux, ils ne changent pas. Ils
préparent les projets et les dossiers, que le ministre
fraîchement mis en place, n’a plus qu’à
signer... et à justifier au Parlement et à la
télévision.
Bien des mesures du gouvernement
Raffarin ont été préparées dans les
ministères au temps de Jospin. Et de son côté, le
gouvernement Jospin n’a annulé aucune décision du
gouvernement Balladur qui l’a précédé : ni
les attaques contre les retraites, ni les privatisations, rien
!
Serviteurs du véritable pouvoir, celui du grand patronat,
les ministres sont cependant des serviteurs utiles. Pas seulement
pour arranger les lois en faveur du patronat, mais aussi pour
consacrer à ces derniers une part de plus en plus grande du
budget, quitte à rogner sur les dépenses nécessaires
pour les hôpitaux, qu’on veut rendre rentables, ou pour
les écoles dans les quartiers populaires qui, faute
d’instituteurs en nombre suffisant, se transforment en
garderies .
On amuse la population avec des débats sur “la
carte scolaire”, sur “la mixité sociale”,
sur les méthodes de lecture, syllabique ou pas. Mais tout cela
n’est qu’un rideau de fumée, qui ne peut pas
masquer le fait que, dans les quartiers populaires où les
familles ne sont pas en situation d’éduquer leurs
enfants, les écoles maternelles, les écoles primaires
manquent d’enseignants et de moyens.
Quand le gouvernement
réduit l’impôt sur le revenu pour plaire à
la bourgeoisie grande et petite, cela fait combien d’instituteurs,
combien d’éducateurs en moins ?
Et tout est à
l’avenant. S’il y a un trou dans la caisse de la Sécurité
sociale, ce n’est certainement pas à cause des
escroqueries de quelques petits margoulins auxquels la télévision
fait grande publicité. Mais chaque diminution des charges
sociales pour les patrons, sous prétexte de les inciter à
créer des emplois qu’ils ne créent pas, ce sont
des millions d’euros, voire des millairds, en moins dans les
caisses de la Sécurité sociale. Et dans les cas où
l’Etat rembourse partiellement la Sécurité
sociale, c’est le budget de l’Etat qu’on creuse, et
cela se fait au détriment des hôpitaux et des écoles.
Et
l’insistance actuelle sur le déficit de la Caisse
Vieillesse présage de nouvelles mesures contre les
retraites.
Alors, autant dire que les promesses que les uns et
les autres font à l’électorat populaire pendant
la campagne électorale n’engagent que ceux qui les
croient. Mais, de toute façon, des promesses, ils en font peu.
Ils ne vantent aucune marchandise, l’emballage doit suffire.
Nous
nous préparons cependant à mener campagne lors de cette
Présidentielle d’avril 2007.
Je peux vous dire cela
car il y a toutes les chances que j’y sois présente,
même si ce sera la dernière fois car ma relève
est prête, et il y en a une partie ce soir à cette
tribune.
Je serai présente dans cette campagne, même
si cela doit en chagriner certains, car j’aurai à peu
près sûrement les parrainages nécessaires.
Aujourd’hui,
j’en suis à un tout petit peu plus de 450 promesses
fermes. Et, en réserve, il y a plusieurs dizaines de
parrainages possibles, d’élus qui n’ont pas refusé
mais pas encore accepté car ils attendent de voir quel
candidats seront en présence, et avec quel message, en
particulier du côté socialiste.
Certains journalistes
ont prétendu que, dans cette recherche, nos camarades
rencontraient des difficultés auprès des élus à
cause de notre refus d’appeler à voter pour Chirac au
deuxième tour. C’est, bien sûr, un mensonge parmi
d’autres, même si quelques uns ont dit le regretter, sans
toutefois refuser de me parrainer.
Pour notre part, en tout cas,
nous sommes fiers de l’avoir fait. Nous avons refusé
d’appeler à voter Chirac, en sachant que c’était
une escroquerie vis-à-vis de l’électorat de
gauche que de le faire. La gauche, frappée de surprise, ne
tenait pas à s’expliquer sur le nombre d’électeurs
que sa politique au gouvernement lui ont fait perdre. Elle a donc
fait croire que Le Pen avait une chance de l’emporter contre
Chirac si la gauche n’aidait pas ce dernier.
En fait, les
voix de droite suffisaient largement à Chirac face à le
Pen.
Si Jospin n’a pas été présent au
deuxième tour, ce n’est pas parce que Le Pen aurait
augmenté considérablement ses suffrages, mais
uniquement parce que Jospin, lui, avait perdu deux millions et demi
de voix, ce qui n’est pas rien ! Et, aujourd’hui, dans
les contacts que nos camarades ont eus avec des élus, au lieu
de reproches ils ont bien souvent approuvé notre attitude
parce que nous avions raison de craindre ce que Chirac ferait une
fois plébiscité. Chirac nous a amené Sarkozy et
Sarkozy sera peut-être Président, ce qui n’est
guère mieux que Le Pen.
Dans cette campagne, comme dans les
précédentes, et comme dans notre action quotidienne,
nous voulons défendre les intérêts politiques,
sociaux et matériels des travailleurs face à ceux qui
les exploitent et à ceux qui leur mentent.
Nous voulons
nous en prendre au patronat qui, comme je le disais plus haut, tire,
dans les coulisses, les fils des marionnettes politiques.
C’est
la mainmise du patronat, de la bourgeoisie, des banques, des
compagnies industrielles sur l’économie qui est la cause
des maux principaux dont souffre la majorité de la population.
La pauvreté, la baisse du niveau de vie, la difficulté
de plus en plus grande à se loger, à se soigner, sont
des dommages collatéraux de la course au profit. Même la
pollution en est un. La pollution de l’air, des eaux mais aussi
de ce qu’on respire dans les entreprises, de l’amiante à
la légionella en passant par tous les toxiques possibles et
imaginables de l’industrie.
C’est la rapacité,
l’âpreté au gain, l’absence de sensibilité
érigée en vertu, qui caractérise les hommes qui
dirigent l’économie.
C’est à eux qu’il
faut s’en prendre, c’est à eux qu’il faut
arracher les crocs et les griffes.
Oh ! Il ne s’agit pas là
d’une révolution : on n’en est pas à
pouvoir leur arracher complètement leur pouvoir économique
et à le remplacer par un autre système. Mais on peut
limiter leur pouvoir, et d’abord en le contrôlant.
Il
faut imposer que la population ait un accès direct à
tout ce que les Conseils d’administration envisagent pour
l’avenir de leurs entreprises, ce qui concerne en premier lieu
l’avenir de toute la société et de la
population.
Cela peut sembler utopique, c’est vrai !
Mais
c’est nécessaire, indispensable, vital pour que nous
tous puissions avoir une vie normale et décente. Et ce qui est
vital n’est pas utopique car attendre qu’on nous écrase,
sans réagir, est impossible.
Il faut donc que tous puissent
savoir d’où l’ensemble des patrons tirent leurs
financements et ce qu’ils en font. Pourquoi ils n’investissent
pas leurs profits dans la production de biens utiles à la
population pour en faire baisser le coût, au lieu de spéculer
dangereusement.
Aujourd’hui, l’industrie des travaux
publics se flatte de construire en un temps record des ponts
gigantesques, comme le pont de Normandie ou le viaduc de Millau.
Construire des logements n’est pas plus difficile.
C’est
l’argent qui manque ? Mais si on contrôle les profits des
entreprises, si on contrôle d’où vient l’argent,
par où il passe, quels sont les coûts réels de
production, quels sont les profits et où ils vont, on pourrait
empêcher qu’ils servent à racheter des entreprises
existantes aux quatre coins du monde. Si l’on compare cela au
coût du travail dans la valeur ajoutée, on pourrait
vérifier s’il est vraiment impossible de créer
des emplois nouveaux correctement payés et même,
tellement les profits sont élevés, en diminuant les
efforts ou le temps de travail de chacun.
Les travailleurs font
tant de choses pour la bourgeoisie que celle-ci peut en faire un peu
pour les travailleurs !
On n’en est pas à tout leur
prendre. Il s’agit seulement de les contrôler pour ne
leur prendre que le superflu, voire le nuisible, qui permettra de
sortir la société de l’ornière et de la
misère qui nous menace.
Evidemment, sur le plan politique,
la droite est entièrement au service de ces gens-là et
ce n’est pas la droite qui le fera. Mais de toute façon,
ce ne sont pas les politiques car ils sont tous là pour
défendre cette société, pour défendre la
propriété privée et même pour l’avantager,
pour défendre les profits, voire les faire augmenter
artificiellement par les subventions.
Ne nous y trompons pas,
nous ne disons et ne dirons pas que gauche et droite c’est
pareil ! Elles sont, comme je le disais plus haut, les acteurs d’une
même pièce. Il y a ceux qui jouent le rôle des
méchants et ceux qui jouent le rôle des bons. Et il est
vrai qu’il vaut mieux avoir affaire à des faux bons qu’à
de vrais méchants. Mais il faut savoir que derrière
eux, on trouve toujours les mêmes fauves qui ne changent pas au
hasard des résultats électoraux. Les Lagardère,
les Dassault, les Bouygues, personne, à part leur conseil
d’administration ne les élit et encore, car leurs
capitaux sont majoritaires dans les entreprises les plus importantes
où ils participent ; et ces trois-là, à eux
trois, ont plus de mainmise sur toute la société
française que le gouvernement n’en a.
Beaucoup
d’électeurs populaires disent, et à juste titre,
que “la gauche est moins pire que la droite”. C’est
vrai ! Mais le moins pire, cela ne veut pas dire le meilleur ou même
le bon ! Et, littéralement, c’est pire quand
même.
Alors, chasser ce gouvernement de droite, ces hommes
de droite répugnants, cyniques, menteurs, viscéralement
hostiles aux pauvres, aux travailleurs et aux classes populaires en
général, hostiles à tout ce qui n’est pas
leur classe sociale, oui, cela ferait plaisir de les chasser et de
les renvoyer dans leur foyer, qui n’en doutons pas est loin
d’être misérable. Cela nuirait peut-être
seulement à leur amour propre et peut-être aussi à
leurs revenus car ce n’est plus eux qui auraient tous les
avantages, voire les pots de vin !
Evidemment, on ne peut pas,
dans les circonstances actuelles, chasser cette droite sans ramener
la gauche que nous connaissons pourtant déjà bien. Mais
il ne faudrait pas la ramener au pouvoir les yeux fermés, sans
rien lui demander en échange. Et par rien lui demander,
j’entends rien exiger d’elle.
Que veulent dire de
concret les slogans inscrits sur les tribunes de Fabius, de
Strauss-Kahn ou de Ségolène Royal lors de leurs
récentes réunions respectives ?
Pour Fabius, c’est
“Réussir ensemble le changement”. Quel changement
? Mystère ! C’est aussi creux que “la force
tranquille” de Mitterrand et aussi menteur que “réduire
la fracture sociale” de Chirac.
Pour Strauss-Kahn, c’est
“Avec vous, préparons la France que nous voulons”.
Ce que nous voulons, nous le savons, mais ce que lui, il veut, nous
ne le saurons pas, en tout cas pas tout de suite. Et comment un
chômeur voudrait-il la même chose que Strauss-Kahn
?
Quant à Ségolène Royal, son slogan est plus
net sinon franc : “Préparons la victoire de 2007".
Elle n’a pas osé écrire “préparons
ma victoire” mais on a beau retourner la phrase en tous sens,
c’est cela qu’elle veut dire.
Ces hommes et femmes
politiques n’en sont même plus à faire des
promesses.
Alors, faire approuver le fait qu’il faut
s’en prendre à la mainmise du capital sur l’économie
et la société, c’est cela, le sens de ma
candidature.
Je souhaite que les voix qui se porteront sur ma
candidature soient une menace pour la gauche. Je souhaite que le
maximum d’électeurs populaires qui voteront pour le
candidat socialiste au 2ème tour disent ouvertement qu’ils
ne sont pas dupes des marsh-mallowes déguisés en
phrases des candidats socialistes.
Le Figaro de lundi dernier
publiait un sondage de ce qu’ils appellent le “baromètre
présidentiel”.
Evidemment, cela ne vaut que ce que
valent les sondages, c’est-à-dire pas grand chose
puisque aucun sondage en 2002 n’avait prévu que Le Pen
passerait devant Jospin.
Ce sondage prétendait indiquer les
intentions de vote au premier tour en fonction du candidat socialiste
qui se trouverait opposé à Sarkozy.
Si c’est
Ségolène Royal, ce sondage me donne 3 % des suffrages
et 5 % à Olivier Besancenot, c’est-à-dire au
total 8 % pour l’extrême gauche. C’est moins que
les presque 10 % que nous avions obtenus, à nous deux, au
premier tour de 2002, mais ce n’est pas l’écrasement
de l’extrême gauche que beaucoup de monde envisage,
souhaite ou promet.
Par contre, si c’est Fabius ou
Strauss-Kahn le candidat du PS, ce baromètre me donne 5 % dans
les deux cas et 9,5 et 7,5 à Olivier Besancenot, c’est-à-dire
12,5 à 14,5 au total pour nous deux, c’est-à-dire
bien plus que ce que nous avions obtenu au total en 2002.
Si
seulement c’était vrai, cela montrerait qu’une
grande partie de l’électorat populaire n’est pas
dupe du duel droite-gauche, même si, bien sûr, ils se
reportent sur le candidat socialiste au deuxième tour.
Ne
rêvons pas. Je le répète, ces sondages n’ont
aucun sens à six mois de l’élection et, de plus,
qui sait, le Figaro est peut-être partisan de Ségolène
Royal et veut faire craindre l’extrême gauche à
ses lecteurs si ce n’est pas elle qui est choisie.
En tout
cas, 3 % ou 5 % pour moi ; 5 à 9,5 % pour Olivier Besancenot,
ce serait quand même une gifle pour les dirigeants du Parti
Socialiste et même, disons-le, pour ceux du Parti Communiste
qui refusent de se désolidariser du Parti Socialiste.
Tout
ce que je souhaite, c’est qu’Olivier Besancenot obtienne
ses parrainages car, à deux séparément, nous
serons bien plus forts.
S’il ne les obtenait pas, ce qui ne
me paraît ni souhaitable ni probable, je crois que ce serait
malheureusement à cause de la politique menée par la
LCR depuis un peu plus d’un an et qu’elle mène
encore aujourd’hui. Cette course derrière un
hypothétique candidat unique de “la gauche de la gauche”
ou de “la gauche du non” comme il vous plaira de
l’appeler, était une erreur. Comment, sur quelle base,
unir les socialistes qui ont voté non à la Constitution
européenne aux associations diverses en passant par le PC, une
minorité des Verts et José Bové. Erreur aussi de
renoncer à son drapeau en disant que le candidat de la LCR
s’effacerait devant un tel candidat fantôme, ce qui a
divisé et démobilisé les militants et
sympathisants de la LCR.
Aujourd’hui encore, cette
organisation dont nous sommes proches politiquement et moralement, en
est troublée et je crois qu’une partie de ses militants
-dont j’ignore le nombre- n’est pas partisane de la
candidature d’Olivier Besancenot et donc ne contribue pas à
trouver des parrainages.
Il est difficile dans une organisation
d’avoir des militants qui se dévouent à trouver
de tels parrainages tandis que d’autres restent l’arme au
pied en attendant que ce ne soit pas Olivier Besancenot qui se
présente.
Je suis convaincue que c’est une erreur
politique et stratégique profonde de la LCR, et nous le lui
écrivions déjà il y a plus d’un an, et le
lui répétions il y a quatre mois à peine.
Si,
à cause de cela, Olivier Besancenot ne pouvait pas se
présenter, ce serait un recul pour nous tous. J’en suis
convaincue et, comme tous nos camarades, je le déplorerais
profondément.
Pour ma part, je n’ai pas
l’intention de m’effacer, pas même au nom de
l’unité de la gauche de je ne sais quelle gauche, devant
des candidats dont je ne partage pas la politique, quand je ne la
désapprouve pas complètement.
Marie-George Buffet,
par exemple, tout en étant candidate à la candidature
au nom du PC, se présente aussi comme une éventuelle
candidate unitaire de “la gauche de la gauche”. Et il est
vrai que, parmi tous ceux qui se revendiquent de cette étiquette
ou de celle de la gauche anti-libérale, c’est le PC qui
a le plus de forces militantes. Mais si Marie-George Buffet reprend à
son compte bien des dénonciations de la situation faite aux
travailleurs qui sont justes, comment oublier qu’elle a été
pendant cinq ans ministre du gouvernement Jospin ? Pendant ces cinq
ans, on ne l’a jamais entendu protester contre les mesures de
ce gouvernement qui allaient à l’encontre des intérêts
des travailleurs. Elle n’a jamais mis sa démission dans
la balance pour tenter de peser sur la politique menée.
Alors,
de deux choses l’une : ou bien elle était d’accord
avec le gouvernement Jospin et toute sa politique ; ou bien, si elle
avait des réserves, elle les a gardées pour elle. Comme
l’a dit crûment Jean-Pierre Chevènement, un de ses
anciens collègues au gouvernement : “un ministre, ça
ferme sa gueule, ou ça démissionne”.
Mais,
dans les deux cas, comment lui faire confiance aujourd’hui ?
D’autant qu’elle ne propose toujours pas d’autres
perspectives aux travailleurs que l’entente majoritaire avec le
PS, une nouvelle Union de la gauche. Mais, depuis l’élection
de Mitterrand, il y a vingt-cinq ans, le Parti socialiste, avec le PC
ou avec son soutien, a été plus souvent au pouvoir que
dans l’opposition.
Et puis, bien sûr, je n’ai
pas l’intention de m’effacer non plus devant José
Bové, par exemple. Tout simplement parce que, si je partage
certaines de ses positions dans le domaine de l’écologie,
il n’incarne pas du tout la même politique que celle que
j’entends incarner. Je n’ai, certes, rien contre la
prudence à l’égard des OGM, mais les problèmes
essentiels des travailleurs ne se limitent certainement pas à
cela, ni à la malbouffe, à l’inflation des McDo
ou au tri sélectif des déchets.
Oui, comme l’affirme
l’image projetée derrière moi, mon camp est celui
des travailleurs ! Je ne veux pas dire que je suis la porte-parole
des travailleurs, mais je veux être la porte-parole de leurs
intérêts politiques et sociaux. Mon principal
adversaire, c’est justement celui des travailleurs, c’est
le patronat, et le grand en particulier.
Alors, ce que j’entends
dénoncer tout au long de cette campagne, ce sont les
conséquences désastreuses de la mainmise du grand
patronat sur l’économie et sur la société.
C’est ce que nous dénonçons dans nos activités
militantes tout au long de l’année.
Mais la raison de
ma présence dans cette campagne, c’est de permettre à
tous ceux qui sont ou qui se sentent eux-mêmes dans le camp des
travailleurs, de faire entendre leur voix. Ceux qui trouvent, comme
moi, intolérable le sort qui est réservé à
la principale classe productive de la société ; ceux
qui sont convaincus qu’il y a une autre façon de faire
fonctionner la société que la seule recherche du
profit, pourront le dire en votant pour ma candidature. Mais pourront
le dire surtout ceux qui sont convaincus que toutes les promesses des
politiciens de gauche ne sont que du vent s’ils ne sont pas
capables de s’en prendre à la toute-puissance du capital
sur l’économie, c’est-à-dire sur la
société. C’est cela la signification principale
du bulletin à mon nom qu’ils pourront mettre dans
l’urne.
Oui, il faut que, dans toutes les occasions
politiques, les intérêts politiques et sociaux des
travailleurs puissent s’exprimer. Car c’est en ayant une
conscience claire de leurs intérêts que les travailleurs
pourront, de nouveau, peser sur la vie politique par les moyens qui
sont les leurs. Une conscience qui leur permettra de ne pas se
tromper d’objectif quand ils se mettront en lutte, et de ne pas
s’arrêter en route tant que leurs objectifs essentiels ne
seront pas atteints.
Alors, j’espère que les
travailleurs entreront en lutte, et que ce mouvement s’étendra
à une majorité d’entre eux.
Que cela se fera
en-dehors de la direction des appareils syndicaux, que les grévistes,
les sans-travail, les travailleurs pauvres choisiront, dans le feu de
la lutte, ceux d’entre eux les plus capables de conduire leur
mouvement.
J’espère même que cela soit une
explosion qui surprenne et terrorise la grande bourgeoisie et que ce
soit si soudain que ses dirigeants n’aient pas le temps de
vendre leurs actions avant que les cours s’effondrent.
Mais
pour le moment, ce n’est qu’un rêve, mais un rêve
qui est peut-être prémonitoire.
Cela fait longtemps
que les grands partis qui se revendiquent, directement ou
indirectement, ne serait-ce que par leur nom ou par leur passé,
du camp des travailleurs, le Parti Socialiste et Le Parti Communiste
n’ont plus d’autre ambition que d’enrégimenter
électoralement les travailleurs dans un des camps politiques
de la bourgeoisie.
Eh bien, il est important de faire la
démonstration, chaque fois que l’occasion se présente,
qu’une fraction au moins du monde du travail ne se laisse pas
enrégimenter dans un camp qui n’est pas le sien.
Ce
ne sera qu’une démonstration électorale ? Mais
cela comptera quand même pour ceux qui nous gouvernent, parce
que ceux qui se reconnaissent dans les idées que je défends
dans la campagne joueront un rôle essentiel dans les luttes
sociales à venir.
Pour le moment, même si je suis
quasiment sûre d’obtenir d’ici quatre mois les
parrainages voulus, il reste à gagner, voix par voix, un
million et demi ou deux millions d’électeurs.
Cela
dépend de la situation mais cela dépend de nous tous
aussi. Et dans ce premier meeting qui ouvre ma campagne, c’est-à-dire
notre campagne, je vous dirai, en guise de conclusion : je ne peux
compter que sur vous.
Bien cordialement à tous, merci à
ceux qui ont parrainé ma candidature, merci à vous pour
avoir recueilli ces parrainages, et bon courage à tous ceux
qui participeront à cette campagne.